Le village en 1710 Plan dessiné en 1737 à l'occasion de l'inventaire des possédants biens

 Le village en 1737

Mais où étaient situés, au Moyen-âge, ce quartier, son château et son église ? Selon Mr edmond MAZET, ce n'était pas à l'emplacement  du village actuel, mais au voisinage du Collet-Redon. Le château était très probablement bâti sur le Collet-Redon même. Au milieu du XVlème siècle on en voyait encore les ruines, ainsi que l'indique un document de 1551 :


"autrefois mais c'est par temps immémorial aud terroir y solloit avoir un ch[ât]eau assis sur ung roc estant assis loingtain du caval et devers le cartier de marseille, en la sommité duq[ue]l roc l'y a encore apparance d'ancienes murailles et forteresses lequel rocher de toute ancienneté et par temps immemorable par commun bruit voix et fame est teneu et repputé pour le lieu ou estoit le ch[ât]eau Gombert".



La famille de Gombert émigra au début du XIVème siècle à Sisteron, où elle est encore. Le château paraît alors avoir été abandonné, mais le quartier et son église continuèrent d'exister. Pour s’en tenir à des documents dont l'authenticité est certaine, on peut citer la requête qui fut présentée en 1390 par les habitants de Château-Gombert à l'évêque de Marseille, Aymar de la Voûte, en visite pastorale à Allauch. Ce document fait état d'une "communauté de Château-Gombert" (universitas Castelli Gomberti), et la requête est présentée par des "procureurs" (procuratores) de cette communauté. Ceux-ci déclarent que l'église de Château-Gombert avait été anciennement pourvue du service divin, mais que celui-ci avait été interrompu à cause des dévastations dues aux guerres. Désireux de le rétablir, ils demandent à l'évêque de les pourvoir d'un curé (curato). L'évêque les autorise à réparer leur église et à y faire célébrer le service divin, mais avec d'importantes restrictions destinées à réserver les droits de paroisse du vicaire d'Allauch sur Château-Gombert.


                                                                     Voir l’histoire des De Gombert

L'entrée du village au 19 ème siècle

A la suite de la transaction de 1595 les possédant biens de Château-Gombert durent mettre sur pied une organisation permanente et beaucoup plus structurée que tout ce qui avait pu exister dans le passé, cela pour lever et gérer les fonds nécessaires d'une part au paiement de la pension annuelle due au Chapitre, d'autre part à la construction, puis à l'entretien de l'église et au service du culte. L'organisation adoptée, telle qu'elle apparaît dans les actes des XVIIème - XVIIlème siècles, fut la suivante: tous les trois ans, le dimanche après le quinze août, une assemblée générale des possédant-biens élisait, pour la période de trots ans à venir, deux syndics. L'un de ceux-ci était pris parmi les habitants de Marseille, bourgeois, négociants ou, marchands, qui avaient des biens à Château-Gombert. L'autre était pris parmi les ménagers, c'est à dire parmi les propriétaires résidant en permanence dans le quartier et mettant eux-mêmes leurs biens en valeur. On les appelait le premier et le second syndic (ce dernier était souvent illettré). Les deux syndics étaient tout d'abord chargés de la levée de l'imposition. En fait, ils ne s'en occupaient pas eux mêmes, mais l'affermaient à un personnage appelé exacteur qui leur avançait l'argent et se remboursait auprès des possédant biens. Cette imposition avait pour base une estimation des biens fonciers, chacun payant au prorata de la valeur de ses biens. Une première estimation fut faite dès 1595 à la suite de la transaction. Une seconde fut faite en 1679 et une troisième en 1737. A partir de l'estimation, l'exacteur dressait un rôle des possédant-biens, portant ce que chacun avait à payer. Ce régime dura jusqu'à la Révolution de 1789. Les syndics s'occupaient eux-mêmes de la gestion quotidienne des revenus de l'imposition, et ils étaient également chargés de conduire les procès au nom du quartier. Ces procès étaient d'ailleurs continuels : contre des fournisseurs, contre des contribuables récalcitrants, sans parler du grand procès contre le vicaire d'Allauch qui dura de 1657 à 1672.


Voir la page des transcriptions des différents recensements







Les ressources de l'imposition ordinaire étaient en fait insuffisantes pour subvenir à tous les besoins, et le quartier contractait de nombreux emprunts dont le remboursement nécessitait ensuite des impositions extraordinaires. Une imposition extraordinaire était également nécessaire lorsque le quartier devait se lancer dans une opération exceptionnelle de grande envergure, comme ce fut le cas pour la construction de la nouvelle église de 1686 à 1688. Les impositions extraordinaires étaient décidées soit par l'assemblée ordinaire trisannuelle, soit, lorsqu'il y avait urgence, par une assemblée extraordinaire convoquée à cet effet par les syndics.


Les assemblées du quartier se tenaient en présence d'un notaire qui faisait office de greffier du quartier et dressait le procès-verbal des délibérations. Ce même notaire dressait tous les actes du quartier : transactions clôturant des procès, redditions de comptes des syndics, contrats avec les fournisseurs, quittances données par ceux-ci aux syndics. Tous ces actes sont consignés dans les minutes des notaires et permettront peu à peu de ressusciter l'histoire de Château-Gombert.


Pendant la révolution le Quartier de Gombert dépendait de la mairie du centre, et englobait le territoire de Plan de Cuques.

Place du village en 18888 (place aux aires)

L'éminence sur laquelle se trouvent aujourd'hui la place des Héros et l'église, au haut du village actuel, pourrait à la rigueur correspondre au "roc" en question, mais le Collet-Redon répond bien mieux au texte, qui suggère une butte escarpée et isolée, dominant nettement le terrain environnant. De fait, cette localisation au Collet-Redon est confirmée par plusieurs textes. L'estimation des biens du quartier effectuée à la suite de la transaction de 1595 appelle "château-Gombert le vieil" la zone située aux abords immédiats du Collet-Redon.


Dans les estimations de 1679 et de 1737, celui-ci est appelé "le collet de château-Gombert". Un article de l'estimation de 1737 précise 'au collet de château-Gombert dit la tour vieille". Il ne fait guère de doute que cette dernière appellation conservait le souvenir des vestiges que l'on voyait là deux siècles plus tôt. Enfin, le fait que l'église médiévale était sous le vocable de St Mitre est en accord avec cette localisation: l'actuel quartier de St Mitre a évidemment hérité du nom de cette ancienne église.

L'église de Chateau-Gombert avec le Collet Redon en arrière plan

Cette église et l'ancien village, pour autant qu'il y ait eu un véritable village, furent définitivement détruits, au plus tard au cours des guerres de la première moitié du XVIème siècle entre François 1er et Charles Quint. Les troupes de ce dernier envahirent la Provence et assiégèrent Marseille par deux fois, en 1524 et en 1536. Lors de la seconde invasion en particulier, les campagnes furent complètement ravagées. Après ces dévastations, un nouveau "hameau" se constitua, sur l'emplacement cette fois du village actuel, tandis que la campagne environnante se couvrait à nouveau de bastides.


Le quartier de Château-Gombert avait pour seigneur spirituel et temporel, depuis la fin du XIIème siècle, le Chapitre de la Major. Plus précisément, le Chapitre avait à cette époque incorporé Château-Gombert à la seigneurie d'Allauch qu'il possédait antérieurement. Les possédants-biens de Château-Gombert payaient donc, comme ceux d'Allauch, la dîme au Chapitre, moyennant quoi celui-ci était chargé de pourvoir aux besoins spirituels des habitants; par ailleurs, les mêmes possédant-biens payaient également au Chapitre les droits seigneuriaux temporels.



Dans le document de 1390 cité plus haut, l'église d'Allauch est qualifiée d'église paroissiale", et l'évêque se montre soucieux d'en réserver les droits face aux revendications des habitants de Château-Gombert. S'il autorise ceux-ci à réparer leur église, à y faire célébrer le service divin et administrer le sacrement de pénitence, il les oblige en revanche à recevoir dans l'église d'Allauch le baptême, la communion pascale, le viatique et l'extrême onction, et à payer au vicaire d'Allauch les droits de sépulture pour chaque défunt enseveli à Château-Gombert.

Carte de Cassini fin du 18 eme siècle

Carte de Cassini               site Cassini

Mais il y avait parmi les possédant-biens à Château-Gombert, de nombreux Marseillais qui désiraient voir le quartier détaché d'Allauch pour être réuni au terroir de Marseille. Leur motivation principale était économique cette réunion leur permettrait de vendre librement dans la ville leur raisin et leur vin. L'affaire se conclut par une transaction passée en 1595, par laquelle le Chapitre reconnaissait le rattachement de Château-Gombert au terroir de Marseille. En même temps le Chapitre, tout en se réservant la perception des droits seigneuriaux temporels, renonçait à la perception de la dîme, moyennant le versement annuel d'une pension de 500 écus d'or soleil. Corrélativement, le Chapitre était déchargé du soin de pourvoir aux besoins spirituels des habitants du quartier. Ceux-ci étaient autorisés à faire bâtir une église, et ils étaient tenus de la faire desservir à leurs frais :


"Sont aussi demeurez d'accord qu'il est permis et loisible ausdits particulliers possedants biens et habitant audit cartier et terroir de chasteau gombert de fere edifier et bastir une eglize ou chapelle audit lieu et terroir qu'ils adviseront plus commode et icelle entendue en tout temps et de plus la faire servir parprestres apreuvez le tout en leur propre couts et despans a toujours et perpetuelement sans que ledit chapitre par sy après soit jamais teneu y contribuer aulcune chose quelconque ains ledit edifice et entretien d'icelle et des prestres et toutes autres choses necessaires pour le service divin seront perpetuelement aux despans propres desdits particuliers p[rese]nts et advenir".

Chateau-Gombert en 1710

Borne du 17 ème  siècle

entre les terres d’Allauch

et celles de Château Gombert.

Elle est toujours à sa place à la Croix Rouge.

Histoire de Chateau Gombert, textes de Mr Edmond MAZET

Le nom de Château-Gombert apparaît pour la première fois dans une bulle du pape Anastase IV de 1153. Par cette bulle, le pape confirme à l'église cathédrale de Marseille la possession d'un ensemble de biens, dont le document donne une liste détaillée. On y trouve en particulier un groupe d'églises rurales, avec les dîmes et autres droits qui leur appartiennent, et parmi ces églises, celle de Saint Mitre à Château-Gombert (S. Mitrii ad Castrum Gumberti). Le nom du lieu ne peut se comprendre que par la présence d'un château bâti par un personnage du nom de Gombert. L'existence d'un château médiéval est d'ailleurs bien assurée, comme on le verra. Si l'on n'en trouve plus aucun vestige aujourd'hui, on en voyait encore des ruines au milieu du XVème siècle. On attribue ce château à la famille de Gombert, une famille de vieille noblesse provençale qui est connue des généalogistes à partir du XIIIème siècle. En tout cas, la bulle de 1153 montre que le château existait dès cette date, et avait déjà donné son nom à un quartier, lequel était pourvu d'une église placée sous le vocable de Saint Mitre.


Projet de blason pour Chateau-Gombert

Quand Château-Gombert rêvait d’indépendance

Projet d’armoiries pour Château-Gombert

LA GUERRE DE SECESSION


Le temps déjà lointain où Château-Gombert cherchait à conquérir son autonomie n'est plus aujourd'hui qu'un souvenir. Mais, à l'époque, l'affaire a fait couler beaucoup d'encre, et de salive.


Au début des années 1930, le village était en effet en pleine effervescence, et c'est tout juste si l'on n'en venait pas aux mains entre partisans de la sécession et ceux du statu-quo.  Allauch, Plan-de-Cuques, ont leur liberté. On doit donner la sienne à Château-Gombert pouvait-on lire dans un tract. Et les signataires ajoutaient : Nous en ferons l'un des plus beaux joyaux de la Provence !


Vivo Casteu-Gombert !


Inquiet, le Préfet décida d'organiser une élection locale afin de nommer une commission chargée d'étudier la question. Cinq membres furent élus, marius Fabre et Jules -Manen. La conclusion de la commission fut formelle: « L'érection de Château-Gombert en commune est justifiée ».


Mais l'e projet ne manquait pas d'adversaires.. « Vous verrez les impôts que vous aurez à payer quand vous serez indépendants! disaient-ils: Château Gombert aura le record de tout le département! L'argument était de poids!

L'affaire s'éternisa. Puis la guerre mondiale éclata. Et on oublia celle de sécession.

La paix revenue, la question de l'indépendance se posa de nouveau. Mais tes mentalités avaient évolué. Et à un référendum lancé par les (autonomistes ) fin juin 1949, sur 2759 inscrits, on ne compta que 860 votants, et seulement 327 partisans de la' liberté pour le village.

C'était la victoire du statu quo : La bourgade demeurait rattachée à Marseille.


Ce qui n'a pas empêché, soit dit en passant, Château-Gombert  de devenir quand même l'un des plus beaux joyaux de la Provence.


Vivo Casteu-Gombert



Explication sur le Blason


De gueules, au château d’or maçonné de sable, surmonté d’une étoile de même à sept branches, à l’écusson de la République tiercé en fasce brochant sur le champ et sur le château, accompagné de chaînes d’argent brisées pendant des cantons du chef et joignant le pied des tours du château, au chef tiercé, d’Allauch ancien, de Provence ancien, et de Marseille.



Les couleurs jaune (or) et rouge (gueules), rappellent les anciennes couleurs de PROVENCE indiquées aussi au milieu de la partie haute (chef) de l’écu.


Les armoiries anciennes d’ALLAUCH et celles de MARSEILLE, rappellent que CHATEAU GOMBERT a fait d’abord partie du territoire d’Allauch et qu’il en a été ensuite détaché pour être rattaché, sur sa demande au territoire de Marseille.


Les chaînes brisées partant desdites armoiries et joignant le château se trouvant au centre, rappellent la séparation successive de CHATEAU GOMBERT d’avec ces deux villes.


Ledit château constitue les armes parlantes.


L’étoile qui le surmonte est celle du félibrige régional et décentralisateur, sous le signe duquel l’érection en commune du terroir de CHATEAU GOMBERT a été demandée.


L’écusson tricolore : bleu (azur) blanc (argent) et rouge (gueules) rappelle la période historique (Troisième République) pendant laquelle est placé cet événement.


Sa devise : Labor omnia vincit improbus    Le Labeur opiniâtre arrive à tout vaincre.  (VIRGILE, Géorgiques)


Jean Baptiste JULIEN PIGNOL traduit : «Lou travai mestrejo tout»

Histoire de Château Gombert

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